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Je suppose que tout ce que je pense et dis est supposition. Et je le suppose de même pour les autres. Je suppose aussi notre agitation souvent vaine à tenter de définir le vrai du faux. Ce faisant, je prends la résolution d'abandonner toute agitation vaine pour me vouer à des actes essentiels. Comment considérer cette pensée?

Ouverture

montagne

Alpes, mois d'avril. Océans de pics enneigés, herbe rase de haute altitude, pierres à perte de vue. Devant nous, un étang aux eaux bleues sombres. Pas de chant d'oiseau. Pas d'arbre. Le vent souffle par raffale. Nous sommes blottis l'un contre l'autre. Je trouve ce paysage sombre et inquiétant. "C'est beau...", chuchotte t-elle. Je la serre fort contre moi, un soupir de détente s'échappe...

Je suppose que tout ce que je pense et dis est supposition.

Il me semble que:

  • je suis frigorifiée signifie qu'elle est frigorifiée, même si je ne le suis pas
  • acte essentiel signifie que je suppose un acte essentiel
  • tu es belle signifie que je te trouve belle

Et je le suppose de même pour les autres.

  • dieu est pourrait signifier que tu supposes dieu
  • ça va marcher pourrait signifier que tu supposes que ça va marcher
  • c'est ma subjectivité! pourrait signifier que tu considères que tu as une subjectivité qui t'es propre

Je suppose aussi notre agitation souvent vaine à tenter de définir le vrai du faux.

Dans la série What The Fuck

"J'ai froid." "Mais le radiateur est sur 30°C!"

"C'est beau...", chuchotte t-elle. "C'est pas beau, c'est même franchement pas beau. C'est plutôt inquiétant comme paysage..."

"Et si on allait au musée, c'est super intéressant et on y va jamais!" "Bof", répondit-il d'un air blasé, "il y a rien d'intéressant là dedans on l'a déjà fait".

"Ce que tu as fais là, franchement, ce n'est pas bien." "Tu me gonfles avec tes notions de bien et de mal; ça n'existe que dans ta tête."

"Mais puisque je te dis que j'ai besoin de croire en quelque chose pour pouvoir avancer! J'ai besoin de croire, même si c'est temporaire!" "Ce n'est que des suppositions, et puis c'est des envies!"

Ce faisant, je prends la résolution d'abandonner toute agitation vaine pour me vouer à des actes essentiels.

Lorsqu'elle me dit "je suis frigorifiée", je peux lui répondre "oui mais le radiateur est sur 30°C!" autant que la serrer contre moi pour la réchauffer ou encore aller lui déposer une couverture sur ses épaules.

Lorsque tu me dis "tout est supposition pour moi, et toi?", je pourrais te répondre "j'en sais rien / oui / non", ou considérer cet instant comme une véritable invitation au dialogue et m'appliquer à te répondre.

Lorsque tu me dis "ça va marcher", je pourrais te répondre "c'est ce que tu supposes". Mais est-ce vraiment pertinent de te répondre ça? Est-ce mon intention de peut-être briser ton enthousiasme?

Lorsque tu me dis "je t'aime", ...

Comment considérer cette pensée ?

Aucune idée.

Un vieil étang. Une grenouille saute. Des sons d'eau.