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%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%
%\chapter*{Introduction\\\rule{\textwidth}{0.1cm}}
\chapter{Introduction générale}
%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%%
Pour définir la géométrie discrète en une phrase, on pourrait sûrement
dire que cela consiste à résoudre des problèmes géométriques sur des
données définies sur des grilles régulières. Si avec cette définition
nous englobons nos activités sans peine, il nous faut quand même
préciser le contexte.
Si nous reprenons un peu l'histoire et les grands noms de ce domaine,
nous pouvons identifier deux grandes façons d'aborder la géométrie
discrète~: l'approche <<~pragmatique~>> et l'approche
<<~constructiviste~>>. Si ce dernier terme a une signification très
particulière en mathématique, nous l'interprétons dans ce qui suit
que dans une version plus épistémologique.
L'approche pragmatique peut être résumée par le fait qu'il existe des
données structurées sur grilles discrètes et qu'il faut bien des
outils efficaces pour traiter des problèmes de géométrie sur ces
données. Dans ce cadre, nous retrouvons tous les développements ayant
démarrés dans les années 70 avec l'essor des écrans matriciels et des
premiers besoins de synthèse, d'analyse et de traitement d'images
numériques.
Concernant la partie synthèse, il a fallu définir des outils de
conversion d'un tracé vectoriel (point, segment,\ldots) vers un tracé
discret (ensemble de points d'une grille que nous \emph{allumons} ou
non). La problématique est donc de convertir des objets continus vers
des objets discrets, on parle alors de processus de discrétisation.
Pour l'analyse d'image, la structuration régulière, induite soit par
les capteurs, soit issue d'un processus de ré-échantillonage, est
intimement liée aux images numériques. La définition des outils
permettant de faire des mesures, de traiter ou d'analyser des objets
contenus dans des images, rentre dans le contexte de la géométrie
discrète. Par la suite, les capteurs tridimensionnels ou intégrant
une composante temporelle sont apparus et des besoins d'outils de
dimension supérieure se sont fait sentir.
Il serait cependant faux de croire que l'approche pragmatique n'est à
mettre en relation qu'avec des problématiques d'imagerie moderne. Dans
son \emph{Traité pour les astronomes}, les développements de \aut{Jean
Bernouilli} \cite{bernoulli} s'intègrent parfaitement dans ce
contexte~: pour résoudre un problème de calcul d'interpolation
linéaire de positions d'étoiles pour la construction d'éphémérides,
il s'est rendu compte qu'en considérant des approximations entières
pour les positions, l'interpolation mettait en \oe uvre des structures
périodiques et donc simplifiait grandement les calculs. Beaucoup plus
tard, ces observations ont été prouvées \cite{christoffel} et on peut
mettre en relation ce fait avec les notions de périodicité dans les
droites discrètes. Là aussi on peut qualifier cette approche de
pragmatique~: les nombres entiers et l'arithmétique se sont imposés
d'eux-mêmes pour résoudre efficacement un problème donné.
Plus proche de nous, cette technique d'arithmétisation des processus a
été grandement utilisée pour résoudre efficacement des problèmes dans
de nombreux domaines comme l'extraction de coupes dans des images
volumiques médicales \cite[chap. 17]{dcoeurjo_hermes}, ou encore pour coder
efficacement des transformations d'images \cite[chap. 7]{dcoeurjo_hermes}.
Ces éléments sont des hauts faits d'arme de la géométrie discrète.
Les objets et propriétés géométriques qui ont été définies au cours du
temps dans ce cadre forment un paradigme géométrique complet.
L'objectif est généralement de se rapprocher, autant que possible, de
la géométrie euclidienne classique.
En parallèle de cette vision de la géométrie discrète, nous pouvons
aussi considérer une approche constructiviste qui, de manière très
schématique, consiste à dire que le discret n'est pas un
sous-échantillonage élégant du réel mais que le réel est construit à
partir du discret. Il est cette fois impossible de dresser un réel
historique de cette approche démarrant dans la Grèce antique~: ce
mode de construction du réel par combinaisons d'éléments discrets
correspond à une thématique entière des mathématiques. Les liens entre
cette construction presque axiomatique du réel et la géométrie
discrète ont été présentés par l'école d'analyse non standard de
Strasbourg (\aut{Hartong, Reeb, Reveillès,\ldots}). L'objectif est à
l'origine d'offrir une modélisation des nombres réels non plus basée
sur une représentation illimitée (ou comme la limite d'une suite) mais
sur des entiers (standard et non-standard). Ensuite \aut{Hartong} par
exemple \cite{hartong}, montre que des analyses infinitésimales
peuvent être menées en n'utilisant que les propriétés arithmétiques
des entiers, les axiomes de \aut{Peano} et le prédicat $St()$ de
l'analyse non-standard.
Ces premiers liens entre géométrie discrète et cette approche
constructiviste des réels peuvent être attribués à \aut{Reveillès}
\cite{reveilles}. Dans un souci d'implémentation d'algorithmes
géométriques sur des ordinateurs, l'analyse non standard offre, à une
échelle donnée, une modélisation géométrique exacte sur laquelle les
erreurs sont contrôlables et qui reste valide aux échelles supérieures
(notion de Théorie Idéale Discrète de \aut{Reveillès}). Pour
illustrer ce propos, les travaux de \aut{Reveillès} portaient
initialement sur la résolution rapide d'équations différentielles en
exploitant à la fois les outils théoriques de l'analyse non standard
mais aussi les spécificités algorithmiques induites par les
ordinateurs (représentation finie,\ldots). Dans ce contexte, la
droite discrète est apparue intrinsèquement dans l'analyse sans lien
\emph{a priori} avec le continu (résolution numérique de $y'=c$).
Dans un second temps bien sûr, des liens ont été présentés entre cet
objet donné par une analyse constructive et la discrétisation d'une
droite réelle classique.
Une analyse épistémologique plus approfondie serait très intéressante
à mener et permettrait sûrement de mieux appréhender la place de la
géométrie discrète dans ou à côté de la géométrie classique.
Que ce soit par la théorie constructiviste du modèle discret ou par
une approche pragmatique, la géométrie discrète a maintenant une
maturité qui fait d'elle un véritable espace de recherche théorique ou
appliquée avec ses objets, ses théorèmes et ses spécificités. Elle ne
peut donc être réduite exclusivement ni à une sous-classe de la
géométrie euclidienne, ni à un cas particulier de la géométrie
algorithmique, ou encore une série d'outils bas-niveau pour le
traitement et l'analyse d'images. La géométrie discrète offre des
solutions à certains de ces domaines, et c'est là une grande force,
mais possède une existence propre.
Quelle est maintenant la place de nos travaux et de ce manuscrit dans
ce contexte ? Dans leur finalité, nos développements trouvent écho
dans les deux domaines~: analyse théorique par exemple d'objets
fondamentaux (modèles de grille, droites, plans cercles,\ldots), mais
aussi outils d'analyse volumique pour la caractérisation de formes
(transformation en distance, axe médian, \ldots). Le fil conducteur
est l'algorithmique~: que ce soit sur des aspects théoriques internes
à la géométrie discrète ou pour proposer des outils, l'objectif ultime
est l'algorithme. Ces derniers se doivent d'être efficaces et sans
erreur.
Pour arriver à cet objectif, nous exploitons de nombreux résultats
d'autres domaines~: de la géométrie algorithmique car les finalités
sont proches, mais aussi de l'arithmétique ou de la théorie des
nombres pour tenir compte des spécificités discrètes des objets.
\subsection*{Organisation du manuscrit}
Dans un premier temps, nous allons revenir dans le chapitre
\ref{chap:notions} sur quelques définitions élémentaires et sur tout
un ensemble de problématiques liées à la géométrie discrète mais qui ne
seront pas forcément reprises par la suite. Dans le chapitre
\ref{chap:IA}, nous présentons les différents modèles analytiques que
l'on peut définir en géométrie discrète et nous présentons une
approche basée sur l'arithmétique d'intervalles pour caractériser l'un
d'entre eux.
Le chapitre \ref{chap:ILP} détaille les différentes solutions
algorithmiques pour la reconnaissance des objets élémentaires de la
géométrie discrète que sont les droites, les plans et hyperplans, et
les cercles discrets. Ce chapitre est l'illustration parfaite de
l'usage de résultats d'un grand nombre de domaines (géométrie
algorithmique, programmation linéaire, arithmétique,\ldots) pour
pouvoir proposer des solutions algorithmiques efficaces.
Le chapitre \ref{chap:reconstruction} met en \oe uvre des objets
fondamentaux dans une problématique de reconstruction réversible de
contours en dimension 2 et 3. Plus précisément, nous cherchons à
construire un représentant euclidien d'un ensemble de points discrets
(par exemple une courbe polygonale pour un ensemble de pixels),
réversible dans le sens où la discrétisation de cet objet sera
exactement l'ensemble de points discrets.
Dans le chapitre \ref{chap:AM} nous abordons d'autres problèmes
classiques de la géométrie discrète que sont la transformation en
distance ou l'extraction d'axe médian. Là encore, nous verrons que les
liens très forts entre géométrie discrète et géométrie algorithmique
nous offre une nouvelle façon d'aborder les problèmes.
Le chapitre \ref{chap:minim-et-simpl} s'intéressera à l'optimisation
et aux applications liées à la représentation d'objets discrets par
leur axe médian. On s'intéressera notamment à la question de la
minimalité de l'axe médian.
Enfin, nous présentons une conclusion générale ainsi que quelques
perspectives en fin de manuscrit. L'annexe \ref{chap:real-logic-et}
liste les différentes réalisations logicielles que j'ai pu développer
au cours de mes analyses.